Suicides à France Télécom : l’ex P-DG entendu par les juges

Peut-on établir un lien réel et sérieux entre les changements dans l’organisation du travail engagés à France Telecom et la vague de suicides d’agents survenue à la même époque ? C’est ce que tentent de déterminer les juges. Aujourd’hui, c’est l’ex-PD-G du groupe, Didier Lombard, qui a été entendu. Il pourrait être mis en examen.

Entre 2008 et 2010, une cinquantaine d’agents de France Telecom se sont donnés la mort, dont certains sur leur lieu de travail. Beaucoup d’entre eux avaient, avant d’en arriver là, exprimé leur malaise professionnel consécutif aux bouleversements de méthodes de travail engagés dans l’ex-entreprise publique.
Le lien entre le suicide d’un salarié, survenu en 2011, et les conditions de travail avait même été établi deux ans plus tard par l’Assurance maladie.

Suicides : des origines professionnelles ?

Mais ce cas particulier pouvait-il faire jurisprudence pour tous les autres ?
C’est ce que tente de savoir les juges dans le cadre d’une enquête instruite au pôle santé public du tribunal de grande instance de Paris suite a un  rapport de l’Inspection du travail mettant en cause la politique de gestion du personnel menée à l’époque des faits.

La fédération Sud-PTT avait également déposé plainte fin 2009.
Aujourd’hui, c’est l’ex-P-DG du groupe, Didier Lombard, fortement mis en cause, qui a été entendu par les magistrats : l’homme s’est dit « conscient » des « secousses » engendrées  par les plans mis en œuvre dans l’entreprise mais refuse de les lier les suicides survenus entre 2008 et 2009, arguant qu’ils étaient « indispensables à la survie de l’entreprise ».

Mise en examen ?

Il justifie la nécessité de ces plans par les « profondes mutations » qui ont traversé le secteur des « télécoms depuis trente ans », soulignant que « l’explosion de la bulle internet avait affecté la capacité de  l’entreprise à rembourser sa dette supérieure à 68 milliards d’euros, ce qui mettait sa vie en jeu ».

« Cette mutation était l’objet du plan NEXT annoncé en juillet 2005 » dont « le volet social était conçu pour que les mutations aient le minimum d’effet négatif sur nos collaboratrices et collaborateurs » souligne encore Didier Lombard, qui rappelle avoir « consacré sa vie professionnelle au groupe de 1967 à 1988 comme ingénieur des télécoms avant de le diriger de 2005 à 2010 ».

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